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Pékin : Xi Jinping réécrit l’histoire de 1945

Une commémoration grandiose et une réécriture historique

À l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Chine organise des festivités spectaculaires à Pékin, avec un défilé militaire, des mises en scène impressionnantes et la présence d’invités prestigieux comme Vladimir Poutine et Kim Jong-un.

Mais derrière ce faste se cache une lecture très particulière du passé que Pékin entend imposer. Xi Jinping a insisté sur le rôle décisif de la Chine et de l’Union soviétique dans la défaite du fascisme, occultant l’apport des États-Unis et de l’Europe occidentale.

Propagande et chronologie alternative

La propagande officielle multiplie films, documentaires et vidéos générées par intelligence artificielle, glorifiant les guérillas communistes contre l’envahisseur japonais. Pourtant, ce sont surtout les forces nationalistes de Chiang Kaï-shek qui menèrent l’essentiel des combats, un détail que Pékin choisit de minimiser.

La chronologie est également réinterprétée : pour la Chine, la guerre mondiale aurait commencé en 1931 avec l’invasion de la Mandchourie par le Japon, puis en 1937 avec le conflit total, plutôt qu’en 1939 comme le retiennent les récits occidentaux.

Le rôle des États-Unis et la réalité historique

Les faits rappellent une réalité plus nuancée :

Les États-Unis ont fourni 700 millions de dollars via le prêt-bail, des pilotes volontaires connus sous le nom des Tigres volants, et l’aide du général Stilwell.

Sans ce soutien logistique et financier, la Chine aurait difficilement tenu jusqu’en 1945.

Selon Rana Mitter, spécialiste de la période à Harvard :

« La Chine et les États-Unis avaient besoin l’un de l’autre. Pékin a contenu l’armée japonaise, Washington a fourni l’argent et la logistique. »

  1. Objectifs de cette relecture historique

Pour Xi Jinping, cette réécriture n’est pas un simple exercice académique :

Redonner à la Chine une place centrale dans la mémoire mondiale de la Seconde Guerre mondiale.

Légitimer les ambitions actuelles de Pékin sur la scène internationale, en profitant du retrait relatif des États-Unis pour se présenter comme héritière légitime de 1945 et puissance dominante du futur ordre mondial.

Comme le souligne William Yang, analyste à Taipei :

« Pékin utilise la mémoire historique pour renforcer son récit de puissance et projeter son influence future. »

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