Incertitude politique au Liban après la démission du gouvernement
Le Liban doit faire face à une grave crise humanitaire causée par l’explosion et à une dégringolade sociale, en plus de la crise sanitaire due au coronavirus.
Le chef du gouvernement libanais, Hassan Dhiab, a démissionné une semaine après l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, qui a fait au moins 160 morts et plus de 6 000 blessés.
La démission de l’exécutif était réclamée par les manifestants qui s’étaient rassemblés le 8 août dans le centre de Beyrouth.
Dans son intervention d’une dizaine de minutes prononcée d’un ton grave, le premier ministre a refusé de faire endosser la responsabilité de la catastrophe à son gouvernement. Il a mis en cause la « corruption institutionnalisée » qui a conduit à l’explosion meurtrière. L’enquête en cours doit déterminer les responsabilités dans le stockage de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth depuis six ans. Le gouvernement aurait été informé fin juillet de sa dangerosité, tout comme le président Michel Aoun, qui l’a reconnu devant la presse, vendredi 7 août.
La démission n’était pas le choix initial du premier ministre. Il s’était dit favorable, samedi 8, à l’organisation d’élections législatives anticipées. Il a dû faire face dès le lendemain aux premières démissions de membres de son cabinet, justifiant leur geste par la magnitude de la catastrophe. Celle du ministre des finances, Ghazi Wazni, considéré comme un ministre « choisi » par le président du Parlement, Nabih Berri, a sonné le tocsin. Les relations étaient houleuses entre Hassan Diab et le président de la Chambre, ténor de la vie politique, au centre des accusations de corruption. Les intentions de M. Berri ne sont pas encore claires : « parrain » du gouvernement avec le Hezbollah et le camp du président Michel Aoun, il maintient aussi des canaux de négociations avec d’autres leaders influents, comme le chef druze Walid Joumblatt.
La Rédaction avec Le Monde