Milan est en train de devenir ce que Londres était avant le Brexit : un havre pour les fortunes mondiales. La raison ? Un régime fiscal taillé sur mesure par Rome, qui permet aux riches étrangers de ne payer que 100 000 euros d’impôts par an, quels que soient leurs revenus.
Un « forfait » séduisant pour les milliardaires, mais un poison pour l’Europe.Ce dispositif, attractif à court terme pour l’Italie, incarne une logique dévastatrice : celle de la compétition fiscale entre États membres de l’Union européenne.
Plutôt que de bâtir un projet commun, chaque pays tente d’attirer les capitaux en offrant des cadeaux toujours plus coûteux pour le voisin. Ce n’est pas une politique, c’est une fuite en avant.
Les conséquences sont évidentes. La France dénonce un « dumping fiscal » qui vide ses recettes et renforce les inégalités. Les contribuables moyens, eux, n’ont pas accès à ces privilèges.
L’Europe se divise, non pas entre Nord et Sud, mais entre ceux qui paient et ceux qui savent contourner. Dans cette guerre silencieuse, la solidarité européenne se dissout au profit d’un chacun pour soi ravageur.
Le paradoxe est cruel : alors que l’Union européenne impose l’austérité à ses citoyens, elle tolère que certains États transforment leurs territoires en paradis fiscaux déguisés. L’Italie attire les riches, le Luxembourg protège les multinationales, l’Irlande courtise les géants du numérique.
L’Union devient ainsi un terrain de chasse pour capitaux volatiles, incapable de s’imposer comme une puissance cohérente.
L’affaire italienne révèle une faille fondamentale : sans harmonisation fiscale, il n’y aura jamais d’Europe politique. Chaque initiative nationale, même légale, creuse un peu plus la méfiance entre partenaires et fragilise l’ensemble.
En cédant à la logique du court terme, l’Italie joue une partition qui affaiblit non seulement ses voisins, mais aussi elle-même. Car une Europe éclatée est une Europe vulnérable, condamnée à subir les chocs extérieurs au lieu de les affronter ensemble.
