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DBEK……Raconte

Fathi Dbek appartient à cette lignée rare d’hommes pour qui la citoyenneté n’est ni un slogan ni une posture, mais une boussole intérieure, silencieuse et tenace, qui oriente les gestes, les combats, les fidélités. Figure marquante du mouvement de gauche et de la lutte syndicale, il incarne cette génération de militants pour qui l’engagement ne se mesure pas à l’éclat des tribunes, mais à la constance dans l’épreuve, à la patience face aux désillusions, à la dignité dans le doute.
Il est, à bien des égards, le reflet vivant des contradictions de la gauche tunisienne : idéaliste sans naïveté, lucide sans renoncement, habité par une espérance qui refuse de céder à l’amertume. Chez lui, la lutte ne s’oppose jamais à l’humanité ; elle en procède. Elle naît de la proximité avec les humbles, de l’écoute des voix étouffées, de cette conviction intime que la justice sociale n’est pas une abstraction, mais une exigence charnelle.
Son livre, publié en arabe sous le titre Dbek… Raconte, se lit comme un itinéraire intérieur autant que comme un témoignage collectif. Ce n’est pas un manifeste, encore moins une autobiographie narcissique ; c’est un voyage humain, traversé de visages, de blessures, de fidélités têtues. Page après page, s’y dévoile la qualité profondément humaine de l’homme : ses convictions enracinées, ses fragilités assumées, et surtout cette aspiration inaltérable à une Tunisie fraternelle, capable de regarder la pauvreté en face sans détourner les yeux, et de lui opposer non la charité condescendante, mais la solidarité comme horizon politique et moral.
Ainsi, Fathi Dbek rappelle, sans emphase mais avec gravité, que la citoyenneté véritable commence là où l’on choisit de ne pas se détourner des autres, et que l’engagement, lorsqu’il reste humain, peut encore servir de boussole dans un monde tenté par la perte de sens.
Il faut alors saluer le travail attentif et fidèle de la plume de Noureddine Bettaïeb, ainsi que celui de l’éditeur charismatique Nizar Jlidi, de La Voix des deux rives, qui n’ont pas seulement raconté un parcours, mais restitué, avec pudeur, le sens d’une existence.
Jamel BENJEMIA

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