Colombie : Gustavo Petro suspend la coopération en renseignement avec les États-Unis après des frappes meurtrières
Le président colombien Gustavo Petro a annoncé, ce lundi, la suspension immédiate des échanges de renseignements avec les États-Unis, en réaction aux frappes menées par Washington contre des bateaux soupçonnés de trafic de drogue dans les mers des Caraïbes et du Pacifique, qui auraient causé au moins 76 morts.
« L’ordre est donné à tous les niveaux des services de renseignement de suspendre l’envoi de communications et toute autre forme de coopération avec les agences de sécurité américaines », a déclaré le président colombien sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Selon Petro, cette décision restera en vigueur tant que les attaques par missiles contre des navires dans les eaux régionales se poursuivront. Il a qualifié ces opérations de « violations graves du droit international« , affirmant qu’elles avaient été menées sans coordination préalable avec les autorités colombiennes ni avec les pays riverains concernés.
Des frappes controversées dans les Caraïbes
Les frappes américaines, menées ces derniers jours, visaient plusieurs embarcations suspectées de transporter de la drogue entre les côtes d’Amérique latine et les États-Unis. Washington a défendu ces opérations en les présentant comme une mesure de lutte contre le narcotrafic international.
Cependant, selon plusieurs sources locales, de nombreux civils figureraient parmi les victimes, suscitant une vive indignation en Colombie et dans d’autres pays de la région. Des ONG ont également demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur les circonstances de ces frappes.
Une crise diplomatique en gestation
Cette décision de rompre temporairement la coopération en matière de renseignement pourrait marquer un tournant dans les relations entre Bogota et Washington, historiquement liées par la lutte commune contre le narcotrafic depuis le Plan Colombie lancé dans les années 2000.
Le président Petro, premier dirigeant de gauche de l’histoire récente du pays, a plusieurs fois exprimé sa volonté de repenser les relations bilatérales avec les États-Unis, notamment sur les questions de sécurité, d’environnement et de souveraineté nationale.
« La Colombie ne sera plus un simple exécutant de la politique étrangère américaine », a-t-il martelé lors d’un discours récent.
Vers une redéfinition de la coopération régionale ?
La suspension annoncée pourrait avoir des conséquences concrètes sur les opérations conjointes entre les deux pays, notamment dans le domaine du renseignement maritime et aérien, où les États-Unis apportaient jusqu’ici un soutien logistique majeur.
Des observateurs estiment que cette décision pourrait inciter d’autres pays latino-américains à réclamer une plus grande autonomie stratégique vis-à-vis de Washington.
