Lors de sa première visite officielle en France, le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, a accordé plusieurs interviews aux médias français, dont une au journal le Monde paru dans son édition du mercredi 24 juin 2020.
Le quotidien français titre dans sa version électronique : Kaïs Saïed : « La Tunisie n’acceptera jamais la partition de la Libye ».
Le président tunisien a été interpellé sur plusieurs questions, notamment le conflit libyen, un sujet qui a été au cœur du débat avec son homologue français Emmanuel Macron.
A la question : « Le dossier principal de votre visite reste le conflit libyen. Emmanuel Macron a sévèrement critiqué l’intervention de la Turquie, l’accusant de mener un « jeu dangereux » en Libye. Partagez-vous cette inquiétude ? », Saïed a répondu : « Le problème libyen concerne les Libyens ! Certes, il y a une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, qui représente la légalité internationale, mais elle ne peut pas être perpétuelle. Il y a aussi les interventions étrangères, et le conflit libyen a fini par devenir international, alors que c’est un problème national. Lorsque les mercenaires russes sont entrés en Libye, c’est devenu un problème entre deux empires : américain et russe. Les règles du jeu ont changé.
J’ai proposé un certain nombre de solutions. Comme réunir les chefs de tribu, en vue de rédiger une Constitution provisoire permettant d’organiser les pouvoirs publics ; puis de préparer une nouvelle Constitution admise par tous les Libyens. Mais j’insiste sur un point : la Tunisie n’acceptera jamais une partition de la Libye. Cela pourrait être le préalable à une partition aussi des Etats voisins.
La Tunisie a payé cher cette guerre qui n’en finit pas : sur le plan financier, sécuritaire et même au sein de sa classe politique. Comme si le problème libyen était tuniso-tunisien, les uns soutiennent le camp de l’est, les autres celui de l’ouest. Et cela ne fait qu’envenimer la situation. Ce qu’il faut, c’est coordonner les positions de l’Algérie et de la Tunisie pour permettre aux Libyens de trouver leur solution ».
Interrogé sur la coopération franco-tunisienne, Kaïs Saïed a affirmé qu’il avait discuté avec le président français de plusieurs projets de coopération en particulier « la construction d’une cité sanitaire à Kairouan et l’idée d’une ligne TGV qui relierait Bizerte au sud du pays ».
Au sujet de la motion demandant à la France de présenter des excuses pour les crimes commis « pendant et après la colonisation », le président de la République a assuré : « Cette démarche relève de règlements de comptes. Pas entre la France et la Tunisie, mais entre certains partis politiques. Bien sûr, en France ou en Tunisie, nul n’oublie les atrocités, les guerres, les crimes du passé. Mais au lieu de retourner à l’histoire, construisons ensemble une histoire nouvelle ».
D’après le journal français « Le Monde «