zarzis:Boughmiga l’ami des « harragas » endeuillé de nouveau par la perte de ces jeunes au printemps de l’âge

écrit par : nouridine chaafi
C’est la deuxième fois que je le visite dans son musée à Souihel Zarzis.
Mohsen Lihidhib alias Boughmiga est droit dans ses bottes, ferme dans ses étriers. Ses convictions sont inébranlables.
L’écologie pour lui est humanitaire ou elle ne l’est pas.
Il se bat contre vents et marées pour promouvoir le respect de la nature, hélas peu considérée dans ces contrées. Il a tissé le long des années des liens indéfectibles avec les « Harragas », ces émigrants clandestins qui s’aventurent dans des felouques de fortune pour gagner la rive nord de la méditerranée.
Boughmiga longe la côte de Zarzis (sur est tunisien) à la recherche des rescapés de ces « harragas », mais hélas, aussi de leurs cadavres ou de ce qu’il en reste.
Il ramasse leurs objets vomis par les vagues et viennent échouer sur cette côte accidentée.
Dans son musée, des chaussures et divers objets sont répertoriés par années et par endroits où ils étaient ramassés.
Des chaussures suspendues que Boughmiga, vient tous les jours les animer, histoire de leur donner vie.
Son musée, bien qu’exigu, il renferme des milliers d’objets ayant lien avec la mer. Des bouteilles jetés dans la mer contenant divers messages d’espoir et de détresse, des bouteilles étiquetées en divers langues jetées à la mer et que Boughmiga récupère dans un esprit de protection de l’environnement, des objets obsolètes ayant appartenus aux anciens pêcheurs, des éponges spécialité de pêche locale et bien d’autres curiosités.
Il montre, avec une certaine fierté, les tableaux d’honneur qui embellissent les murs de son musée, des lettres d’encouragement, des témoignages et même une attestation provenant du livre Guinness !
Mohsen Lihidhib de son métier inspecteur principal à la poste, parcoure les terres arides du sud tunisien où il ramasse des morceaux de silex et autres galets de toutes sortes.
J’ai pu admiré un morceau de météorite, Boughmiga m’assure qu’il a été identifié par des spécialistes. Un autre morceau attend une identification officielle.
A l’autre bout de cette pièce, se dresse une bibliothèque enfermant de vieux livres et autres manuscrits que Notre postier à la retraite garde jalousement.
Bougnmiga, le poète, l’écrivain, l’ami de la mer, l’écologiste et l’humaniste me parle dans un français voltairien, il utilise un langage soutenus. Une fibre d’orateur se dégage de ce zarzissien, il vous laisse attachés à son discours par un ton et un timbre de voix résonnants.
Un petit détour chez lui s’impose, pour tout visiteur de la belle ville côtière de Zarzis.
Zarzis est une presqu’ile située au sud-est de la Tunisie, elle est à 60 km de l’aéroport de Djerba Zarzis.
Connue pour ses belles plages, son port, ses poissons mais aussi par ses champs d’oliviers à perte de vue.
Une forte communauté, issue de la ville de Zarzis, vit en France avec une forte concentration dans l’Essonne, notamment à Massy et ses environs.