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Mofleh Al-Haftaa… le Murdoch des médias arabes, et plus encore

Au cours des deux dernières décennies, le Royaume d’Arabie saoudite a connu des transformations majeures dans sa stratégie d’investissement. Celles-ci ne se limitent plus aux secteurs traditionnels tels que l’énergie et l’immobilier, mais s’étendent désormais avec force à la culture, à la créativité et aux médias. L’investissement saoudien dans les médias arabes est perçu comme un levier stratégique pour renforcer la présence régionale du Royaume et son soft power, capable d’influencer l’opinion publique et de produire des contenus selon une vision professionnelle et compétitive.

Dans ce contexte, plusieurs figures de l’investissement se sont démarquées, dont Mosfeh Al-Haftaa. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des visages les plus influents des médias saoudiens, ayant contribué à bâtir une infrastructure médiatique impressionnante qui fait du Royaume un centre de diffusion et de production, ainsi qu’un véritable laboratoire d’expérimentations médiatiques avancées.

Parcours et carrière

Né en Arabie saoudite, Mosfeh Al-Haftaa a grandi dans un environnement proche des enjeux médiatiques et sociaux. Dès ses débuts, il s’est intéressé au journalisme et aux médias comme instruments d’influence et de formation de l’opinion publique. Il a écrit et participé à diverses activités journalistiques et médiatiques, ce qui lui a permis de s’ouvrir à des projets plus ambitieux dans le domaine de la diffusion satellitaire et de l’industrie médiatique.

Au fil de sa carrière, Mosfeh Al-Haftaa a fondé plusieurs entités médiatiques, parmi lesquelles le groupe Shamas, devenu par la suite ce que l’on appelle aujourd’hui la Cité médiatique saoudienne (Saudi Shamas Media City). Cette infrastructure comprend d’immenses studios, des installations de diffusion satellitaire et des plateformes de production télévisuelle et numérique. Sous sa direction, Shamas est devenu un centre majeur à partir duquel émettent plus de cent chaînes arabes et internationales. Un des plus grands studios du monde y a également été construit, d’une superficie dépassant 5 000 m².

En 2018, Al-Haftaa a annoncé le lancement du projet du satellite Badr Sat, premier satellite saoudien détenu par le secteur privé. Il a souligné son indépendance vis-à-vis de l’organisation officielle Arabsat et déclaré que ce projet offrirait des services compétitifs aux chaînes de télévision. Cette initiative a immédiatement attiré l’attention des médias régionaux et internationaux, associant depuis lors son nom au secteur des satellites et de la diffusion, en complément de ses investissements médiatiques.

Mosfeh Al-Haftaa s’est également distingué par son soutien aux projets numériques et technologiques, en établissant des partenariats avec des entreprises internationales dans le domaine des solutions médiatiques et des télécommunications. Cette approche a consolidé son image d’homme d’affaires alliant expérience journalistique et expertise en investissement. Il a été honoré à plusieurs reprises par des professionnels saoudiens et arabes pour son rôle dans le développement des nouveaux médias et de l’espace numérique.

Sa carrière n’a cependant pas été exempte de controverses. Son nom a parfois été associé à des accusations de chaînes concurrentes concernant les droits de diffusion, mais il a toujours défendu l’indépendance et la légitimité de ses projets, allant même jusqu’à envisager des poursuites judiciaires pour protéger sa réputation et ses réalisations.

Al-Haftaa… le Murdoch des médias arabes

De nombreux observateurs comparent Mosfeh Al-Haftaa à Rupert Murdoch, l’empereur des médias occidentaux. Cette comparaison ne tient pas seulement à l’ampleur et à la diversité de ses projets, mais aussi à son ambition de transformer les médias en une industrie dotée d’un pouvoir politique et culturel transfrontalier.

À l’instar de Murdoch, qui a dominé la presse et les chaînes aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, Al-Haftaa s’efforce de faire de l’Arabie saoudite la nouvelle capitale des médias arabes, grâce à des projets majeurs tels que la Cité médiatique Shamas, le satellite Badr Sat et le vaste réseau de chaînes qui émettent depuis le Royaume.

Malgré les différences de contexte, le point commun entre les deux hommes réside dans leur capacité à conjuguer investissement et médias, transformant l’écran, le journal et le satellite en instruments d’influence et de soft power. Si Murdoch a été surnommé le « roi des médias occidentaux », Al-Haftaa mérite pleinement le titre de « Murdoch des médias arabes ».

Al-Haftaa, Murdoch… et plus encore

Cependant, des différences fondamentales distinguent ces deux parcours. Murdoch a bâti son empire dans un contexte occidental dominé par l’économie de marché et la concurrence pure, où l’influence financière et politique était le moteur principal. Al-Haftaa, quant à lui, évolue dans un cadre différent : ses projets s’inscrivent dans la vision de l’État saoudien pour le développement des médias, dans le cadre de la Vision 2030, faisant de ses initiatives non seulement des activités commerciales, mais des projets nationaux et stratégiques à long terme.

L’expérience d’Al-Haftaa se concentre principalement sur les médias arabes, visant à construire une infrastructure capable d’accueillir des chaînes arabes et internationales depuis le cœur même du Royaume. Murdoch, lui, ciblait les vastes marchés médiatiques occidentaux. L’approche d’Al-Haftaa est donc plus radicale dans son environnement, car elle ne se limite pas à concurrencer un marché existant, mais redessine la carte des médias arabes à travers des projets majeurs comme la Cité médiatique Shamas et le satellite Badr Sat.

Enfin, Mosfeh Al-Haftaa ne poursuit pas uniquement le profit financier : ses projets sont présentés comme des gains stratégiques pour le Royaume et la région, faisant de lui, aux yeux de beaucoup, bien plus qu’un simple homme d’affaires, mais un véritable partenaire de la transformation médiatique saoudienne et arabe.

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