Plumes des deux rives

Plainte inédite contre des dirigeants français pour complicité présumée dans les crimes israéliens à Gaza

 

PARIS, 5 août 2025                 

Un collectif de 114 avocats français a déposé ce lundi une plainte officielle auprès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, visant plusieurs hauts responsables de l’État français. Le document accuse ces derniers de complicité dans des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide, en lien avec les attaques israéliennes menées dans les territoires palestiniens depuis l’automne 2023.

Parmi les figures mises en cause : le président de la République Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, ainsi que les ministres des Affaires étrangères et des Armées, Jean-Noël Barrot et Sébastien Lecornu. Dix-neuf députés membres de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale sont également cités.

Exportations d’armes, soutien politique et diplomatique

Dans leur plainte, les avocats dénoncent la poursuite des exportations d’armes françaises à destination d’Israël, y compris après les bombardements de Gaza survenus à partir d’octobre 2023. Ces transferts, selon eux, ont été opérés en dépit des nombreux avertissements émis par les Nations unies et les ONG humanitaires internationales.

Ils reprochent également au gouvernement français d’avoir « offert un appui politique et diplomatique constant » aux opérations militaires israéliennes, qualifiées par plusieurs rapports internationaux de disproportionnées, voire de délibérément dirigées contre des civils.

« À travers ses actes, la France n’est pas restée neutre. Elle a activement soutenu un État accusé d’avoir commis des crimes de masse », peut-on lire dans la plainte, qui évoque une violation flagrante du droit international humanitaire.

L’influence des lobbys dans le viseur

Autre point soulevé : la relation étroite entre certains dirigeants français et des groupes de pression pro-israéliens, notamment l’organisation ELNET, une structure européenne active dans les milieux politiques. Les avocats estiment que cette proximité aurait influencé l’orientation de la politique étrangère française au détriment de l’impartialité exigée par le droit international.

Des preuves documentées et des déclarations publiques

Sont également versées au dossier plusieurs déclarations publiques de responsables israéliens, évoquant, sans ambiguïté, la volonté d’éradiquer des quartiers entiers de Gaza ou d’en « purger » la population. Ces propos, selon les avocats, confirment l’intention génocidaire qui rend les soutiens extérieurs juridiquement contestables.

Une initiative rare qui pourrait faire jurisprudence

À ce stade, la Cour pénale internationale n’a pas encore communiqué sur la suite qu’elle compte donner à cette plainte. Mais pour les juristes à l’origine de l’initiative, il s’agit d’un signal fort. « Notre devoir est d’alerter quand des lignes rouges sont franchies. La France ne peut pas soutenir de tels actes sans que cela ait de conséquences », déclare l’un des avocats signataires, sous couvert d’anonymat.

Le dépôt d’une telle plainte contre des dirigeants d’un État démocratique membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU constitue un précédent. Rares sont les démarches juridiques de cette ampleur, initiées depuis le territoire d’un pays occidental et visant ses propres responsables.

Une fracture croissante au sein de l’opinion française

Cette initiative judiciaire intervient dans un climat de plus en plus tendu en France autour de la question palestinienne.

Depuis plusieurs mois, une partie de la société civile, des syndicats, des collectifs étudiants et des personnalités du monde culturel dénoncent le silence, voire l’alignement de la diplomatie française sur les positions israéliennes.

Des manifestations ont eu lieu à Paris, Lyon, Marseille ou Lille, appelant à une « rupture claire » avec le soutien inconditionnel à Israël.

Que peut faire la CPI ?

Si le bureau du procureur de la CPI décide d’ouvrir une enquête préliminaire, cela n’implique pas automatiquement une mise en accusation, mais ouvre la voie à une collecte officielle de preuves et à des auditions. La CPI, souvent critiquée pour sa lenteur et ses limites politiques, se retrouve ici face à un test de crédibilité.

Cette affaire pose aussi une question sensible : jusqu’à quel point un État tiers peut-il être tenu responsable de son soutien à un autre État accusé de crimes internationaux ?

Conclusion

Ce recours à la Cour pénale internationale marque un tournant dans le débat sur la responsabilité des puissances occidentales dans les conflits contemporains.

Pour ses initiateurs, il ne s’agit pas d’un geste politique, mais d’un appel au droit, au nom de la dignité humaine.

Reste à savoir si la justice internationale saura, ou osera, traiter ce dossier avec l’indépendance qu’il exige.

 

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