Plumes des deux rives

La famine à Gaza : un crime de génocide aux dimensions nazies

Nizar Jlidi Journaliste et analyste politique

 

Introduction : Une famine délibérée, non accidentelle

Depuis mars 2025, la bande de Gaza subit un siège total imposé par Israël, entraînant une paralysie quasi complète de l’acheminement de nourriture, d’eau et de médicaments. Ce blocus s’exerce dans un silence international troublant et une complicité régionale manifeste. La faim n’est plus une conséquence collatérale du conflit : elle est devenue une arme stratégique, un outil de génocide systématique rappelant les politiques d’extermination par la faim mises en œuvre par le régime nazi dans les camps de la mort.

Les chiffres sont accablants : plus de 470 000 Palestiniens vivent dans ce que le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) appelle la « phase 5 » soit une famine avérée. Par ailleurs, 75 % de la population de Gaza souffre d’insécurité alimentaire aiguë, tandis que 95 % n’a plus accès à de l’eau potable, dans un contexte d’effondrement complet des infrastructures.

1. Des enfants meurent de faim

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a documenté plus de 71 000 cas de malnutrition aiguë chez les enfants, dont plusieurs milliers sont en danger de mort immédiat. Des décès confirmés de dizaines d’enfants ont été signalés, causés non pas uniquement par les bombardements, mais par la faim elle-même.

Les images en provenance de Gaza des enfants mangeant de l’herbe ou fouillant les décombres à la recherche de miettes rappellent celles des camps d’extermination nazis tels qu’Auschwitz ou Buchenwald.

71 % des femmes enceintes souffrent d’anémie sévère, ce qui entraîne une recrudescence des fausses couches, des accouchements prématurés et des naissances de bébés sous-pondérés, dans un contexte d’effondrement total du système de santé.

2. Effondrement sanitaire : la mort aux portes des hôpitaux

Plus de 66 centres de santé sont désormais hors service. Les programmes de nutrition thérapeutique ont été suspendus, faute de carburant et de matériel médical. Des blessés meurent aux portes des hôpitaux fermés, privés de soins essentiels.

Des médecins sur le terrain rapportent des scènes insoutenables : des enfants mourant de déshydratation et de cachexie, des femmes accouchant ou faisant des fausses couches en pleine rue, des familles entières vivant plusieurs jours sans aucune nourriture.

3. Paralysie économique et effondrement social

Les conséquences économiques sont tout aussi dévastatrices. Selon les estimations d’organismes onusiens et palestiniens :

97 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté extrême ;

Le taux de chômage a dépassé les 80 % au premier semestre 2025 ;

Le PIB de Gaza a chuté de 88 % par rapport à 2023 ;

Plus de 125 000 emplois ont été perdus en seulement trois mois.

Le tissu social s’est effondré sous l’effet des déplacements forcés : 1,7 million de personnes vivent désormais dans des écoles détruites ou des tentes insalubres, dans des conditions de promiscuité extrême, sans services de base, avec une montée inquiétante des violences intrafamiliales et des suicides.

4. La faim comme arme : reconnaissance internationale et complicité régionale

Un rapport de l’ONU (mai 2025) a déclaré que « ce qui se passe à Gaza constitue une utilisation délibérée de la famine comme arme contre les civils, et relève du crime contre l’humanité ».

Des ONG telles que Human Rights Watch et Oxfam qualifient le blocus et les restrictions d’« actes délibérés de génocide économique et alimentaire ».

Et ce, malgré des dizaines d’appels à l’aide internationale pour ouvrir des couloirs humanitaires.

5. Comparaison historique : de Gaza à Auschwitz

Dans les camps nazis, les prisonniers recevaient à peine 300 calories par jour, menant à des morts massives par inanition.

À Gaza aujourd’hui :

Certains individus consomment moins de 500 calories par jour ;

La consommation alimentaire globale a baissé de 80 % ;

La famine est utilisée comme un levier de déplacement forcé des populations.

Des méthodes qui rappellent, dans leur logique, les pratiques d’extermination du Troisième Reich.

6. Une génération brisée psychologiquement

Les Nations Unies estiment qu’environ un million d’enfants palestiniens à Gaza souffrent de troubles psychologiques sévères, notamment :

cauchemars récurrents ;

énurésie ;

mutisme traumatique ;

isolement social extrême.

Plus de 60 % des écoles et centres de soutien psychologique ont été détruits, paralysant tout accompagnement psychosocial.

7. Recommandations urgentes pour sauver ce qui peut l’être

Au niveau palestinien :

Exiger une session d’urgence du Conseil de sécurité et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ;

Lancer un appel international à ouvrir des couloirs humanitaires sous supervision onusienne ;

Mettre en place un fonds d’urgence national pour fournir nourriture et médicaments immédiatement ;

Assurer la protection des structures médicales et du personnel soignant ;

Documenter les crimes et saisir la Cour pénale internationale.

Au niveau international :

Activer des corridors humanitaires via des résolutions contraignantes de l’ONU ;

Augmenter les financements d’urgence de l’aide humanitaire de minimum 50 % ;

Déployer des missions médicales d’urgence spécialisées dans la malnutrition ;

Réaliser des enquêtes mensuelles sur la situation nutritionnelle et sanitaire ;

Imposer des sanctions ciblées aux acteurs impliqués dans le blocus.

Conclusion : Le silence qui tue

La famine à Gaza ne constitue pas seulement une crise humanitaire : c’est un génocide documenté, méthodiquement exécuté. Le silence international équivaut à une complicité active. L’Histoire jugera sévèrement ceux qui ont détourné le regard.

L’humanité est à la croisée des chemins :

Agir maintenant pour sauver Gaza, ou laisser une nouvelle page de honte s’inscrire dans le livre noir de l’humanité.

 

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page