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Après la France, la Suisse s’inquiète de l’influence des Frères musulmans

Alors que la France a récemment renforcé son action contre l’organisation des Frères musulmans, la Suisse s’interroge à son tour sur la progression de ce courant islamiste sur son territoire. Les autorités helvétiques cherchent désormais à évaluer les risques et à déterminer les mesures nécessaires pour prévenir une implantation durable.

Une influence qui dépasse les mosquées

Le quotidien 24 Heures souligne que l’action des Frères musulmans ne se limite pas aux lieux de culte. Leur influence s’étend discrètement à travers des réseaux sociaux, des structures éducatives et des circuits financiers. Selon le journal, ce maillage représente une menace potentielle pour la cohésion nationale et les valeurs démocratiques du pays.

Dans ce contexte, la députée Jacqueline de Quattro (PLR, canton de Vaud) a demandé un rapport détaillé sur la situation en Suisse. Elle s’appuie sur un précédent rapport français indiquant que 7 % des lieux de culte musulmans étaient liés aux Frères musulmans. Son objectif : évaluer la présence, l’organisation et les moyens d’action de ces mouvances islamistes, en particulier celles proches de la confrérie. Sa proposition a reçu un large soutien, notamment du Parti vert’libéral, du Centre et de l’Union démocratique du centre (UDC).

Les services de renseignement suisses en alerte

Les services de renseignement suisses ont déjà mené plusieurs enquêtes confidentielles sur les financements extérieurs attribués à la confrérie. Certaines structures humanitaires et associations islamiques seraient soupçonnées de servir de paravent à des réseaux extrémistes.

Selon le Centre européen pour l’étude du terrorisme et du renseignement, huit associations caritatives en Suisse seraient directement sous l’influence des Frères musulmans, collectant cotisations et dons pour alimenter les activités de l’organisation. Ces révélations augmentent la pression sur le gouvernement fédéral pour intensifier la lutte contre l’islam politique.

La France durcit son arsenal législatif

La situation suisse intervient alors que la France a récemment renforcé ses mesures. Entre mai et juillet 2025, Emmanuel Macron a présidé deux conseils de défense et de sécurité nationale consacrés à la question des Frères musulmans.

À l’issue du dernier conseil, le président a annoncé un durcissement des sanctions : extension du gel des avoirs, nouvelles mesures financières et administratives, et élargissement des procédures de dissolution visant certains fonds de dotation et associations. Un dispositif inédit de liquidation judiciaire devrait permettre aux tribunaux de nommer un administrateur pour gérer les actifs des structures dissoutes. Les textes devraient être finalisés d’ici la fin de l’été.

En France, sur plus de 250 associations islamiques, au moins 51 seraient liées aux Frères musulmans. Selon les services de renseignement, la confrérie aurait infiltré le tissu associatif, utilisant les registres officiels des ONG pour promouvoir un agenda islamiste sous couvert de défense des droits des musulmans ou de lutte contre l’islamophobie.

Une menace européenne silencieuse

L’influence des Frères musulmans dépasse la France et la Suisse. On retrouve leurs réseaux en Allemagne, Autriche, Royaume-Uni et dans plusieurs autres pays européens. Un rapport du média EU Reporter publié le 30 juillet 2025 indique que la perception occidentale a évolué : autrefois considérée comme modérée, la confrérie est désormais vue comme capable d’adapter son discours aux contextes locaux tout en poursuivant un projet idéologique global.

Florence Bergeaud, anthropologue, observe : « Les organisations islamistes ont su toucher toutes les catégories d’âge et s’ancrer profondément dans les sociétés européennes. Elles avancent de manière structurée et poursuivent des objectifs à long terme. » Lourdes Vidal, responsable du département Moyen-Orient à l’Institut européen de la Méditerranée, ajoute : « Leur danger réside moins dans la violence directe que dans la création d’un environnement idéologique propice au radicalisme. »

Vers un tournant politique en Occident

Depuis 2014, les services de renseignement européens alertent régulièrement sur la progression de l’islam politique. Selon plusieurs experts, les Frères musulmans constituent une menace insidieuse, agissant en profondeur sur les plans culturel, social et institutionnel, parfois plus dangereuse que les courants salafistes ou djihadistes.

Le défi pour les gouvernements occidentaux consiste à trouver un équilibre : identifier les zones à risque, contrer l’influence des réseaux islamistes, tout en garantissant la sécurité et les droits de millions de musulmans intégrés et respectueux des lois.

À Paris comme à Berne, un consensus semble émerger : le temps de l’observation passive est révolu. L’Europe se dirige vers une réponse plus ferme, combinant encadrement législatif, contrôle renforcé des financements et interdiction possible des structures affiliées aux Frères musulmans.

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