Code du statut personnel : le rempart bâti par Bourguiba contre l’emprise islamiste
Par:Nizar.jlidi

Ce 13 août, la Tunisie célèbre le 69ᵉ anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel, adopté en 1956 et entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 1957 par décret du bey Mohamed Lamine. Cet ensemble de lois constitue l’une des réformes sociales les plus marquantes du monde arabe et musulman.
On en doit l’existence à l’audace du président Habib Bourguiba, bâtisseur de la République et réformateur déterminé, qui osa braver l’autorité conservatrice des dignitaires de la mosquée Zitouna. Inspiré par les idées progressistes de Tahar Haddad, il engagea une véritable révolution sociale : interdiction de la polygamie, fin des mariages de mineures, instauration de l’âge légal du mariage à 18 ans, accès des femmes à l’éducation et au travail, droit pour elles de demander le divorce, obligation pour l’ex-mari de verser pension et indemnité.
Le Code du statut personnel transforma en profondeur la société tunisienne, faisant passer la femme de la condition servile à celle de citoyenne à part entière. Ce socle légal constitua aussi un puissant rempart contre les Frères musulmans, qui échouèrent à modifier le modèle sociétal lorsqu’ils accédèrent au pouvoir.
Cependant, malgré les acquis, les années suivant la chute de Ben Ali ont vu apparaître des reculs sur le terrain, non pas dans la loi, mais dans la pratique : abandon scolaire précoce des filles en zones rurales et populaires, retour du mariage coutumier dans certains milieux avec une « bénédiction » sociale mais sans valeur juridique, hausse des naissances hors mariage civil. Autant de phénomènes qui appellent une application plus rigoureuse de la loi et un engagement renouvelé en faveur de l’égalité, alors même que le projet de parité totale est resté en suspens.
Ces reculs, nourris par une culture islamiste diffusée dès les dernières années du régime Ben Ali, n’ont toutefois pas entamé l’essence du projet moderniste instauré par Bourguiba. Grâce au Code du statut personnel, le pays demeure protégé contre toute tentative de remise en cause de ses fondements sociaux.
Que Dieu ait son âme