L'Edito

Iran : L’option de la riposte stratégique Le sabre toujours dans son fourreau La fermeture du détroit d’Hormuz : une arme stratégique toujours intacte

 

 

 

 

Nizar Jlidi, écrivain et analyste politique

 

À l’heure où le Golfe vit l’un de ses moments les plus critiques depuis des décennies, l’Iran se trouve aujourd’hui à un carrefour stratégique. Après que les États-Unis ont porté la confrontation à son paroxysme en frappant le site nucléaire de Fordow, Téhéran brandit désormais des options non encore activées en tête desquelles figure la fermeture du détroit d’Hormuz.

Ce passage maritime étroit, par lequel transite près d’un tiers des exportations mondiales de pétrole transportées par mer, est bien plus qu’un simple couloir stratégique : il constitue une carte maîtresse dans la main de l’Iran. Une carte capable, en un seul geste militaire, de paralyser l’économie mondiale.

Le pétrole en otage… le monde au bord d’une crise énergétique

Si Téhéran venait à exécuter cette menace, maintes fois agitée, les prix du pétrole pourraient exploser et dépasser les 200 dollars le baril en l’espace de quelques jours. Des pays comme le Japon, la Corée du Sud, la Chine ou encore l’Inde, dont la dépendance au pétrole passant par Hormuz est quasi absolue, seraient les premiers touchés. Ce ne serait plus une simple pression économique, mais bien un choc systémique d’envergure mondiale.

Selon des sources de la sécurité américaine citées par le Wall Street Journal : « Toute tentative iranienne de fermer le détroit d’Hormuz sera considérée comme un acte de guerre. » La Financial Times qualifie pour sa part la situation d’« un saut dans l’inconnu pour les marchés mondiaux de l’énergie ».

De Fordow à Hormuz… l’élargissement du champ de confrontation

Depuis la frappe américaine ciblant le site nucléaire de Fordow, dans la nuit du 22 juin 2025, l’Iran n’a pas encore répliqué militairement. Toutefois, des mesures politiques et sécuritaires décisives ont été engagées, notamment un vote du parlement autorisant la fermeture du détroit, et le déploiement de dispositifs militaires navals en état d’alerte maximale. Les autorités ont affirmé que « toutes les options sont sur la table » pour répondre à ce qu’elles qualifient d’agression.

La frappe sur Fordow n’est pas vue comme une opération isolée, mais comme un acte de guerre manifeste contre la souveraineté iranienne. Dès lors, la menace de fermeture du détroit n’est plus une simple tactique de dissuasion : elle s’inscrit désormais dans une dynamique officielle d’action potentielle.

Le 22 juin, le Parlement iranien a adopté à une large majorité une résolution accordant à l’exécutif et aux forces armées le « feu vert pour fermer le détroit d’Hormuz » en réaction aux attaques américaines et israéliennes. Le Conseil suprême de sécurité nationale examine actuellement l’application « immédiate et complète » de cette option stratégique en cas de nouvelle attaque.

Dans un ton martial, Hossein Shariatmadari, représentant du Guide suprême au sein du quotidien Kayhan, a déclaré :

« Le moment est venu… Nous allons fermer le détroit aux navires américains, britanniques, allemands et français. Si nos bases sont bombardées, il n’y aura pas de passage paisible pour leurs pétroliers. »

Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a quant à lui averti :

« L’Iran se réserve le droit de riposter par tous les moyens, y compris la fermeture du détroit d’Hormuz, si les attaques contre nos installations vitales se poursuivent. »

Déploiement militaire et changement des règles d’engagement

Selon l’agence Nour News, proche du Conseil de sécurité nationale, la mise en œuvre du plan d’urgence naval n°77 a été enclenchée. Il prévoit notamment :

  • le déploiement de mines marines intelligentes,
  • des vedettes rapides d’assaut,
  • des drones kamikazes,
  • et des ordres directs aux unités navales du Corps des Gardiens de la révolution pour relever leur niveau d’alerte.

Une consigne a également été donnée : « modifier immédiatement les règles d’engagement en cas de provocation ».

De la menace à la décision exécutable

Avec ces déclarations et mesures concrètes, la menace iranienne devient une option prête à être exécutée à tout moment, clairement portée par les plus hautes instances de l’État.

L’économie mondiale en suspens

D’après Bloomberg, un arrêt brutal du flux pétrolier à travers Hormuz ne serait-ce que de quelques jours provoquerait un effondrement des bourses, notamment en Asie et en Europe. Le spectre de la stagflation mondiale deviendrait une réalité tangible, dans un contexte économique déjà fragilisé par les séquelles de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine.

Une stratégie de dissuasion au nom de la souveraineté

Le recours iranien à la carte d’Hormuz n’est pas un simple coup de bluff. Il s’inscrit dans une doctrine de dissuasion par la douleur ciblée, visant à frapper là où le système mondial est le plus vulnérable.

Téhéran envoie un message clair : plus de passivité face à l’agression. Toute attaque se heurtera à une réponse équivalente, voire supérieure en intensité.

Le monde est désormais face à un choix historique :
Soit revenir à la table des négociations et à un respect mutuel,
soit assumer un chaos économique global, initié par la fermeture du plus stratégique des détroits.

L’Iran prévient :                    

« Si nos missiles vous font mal… attendez que nous fermions Hormuz. Le cœur de l’économie mondiale cessera alors de battre. »

Sources :

  • Reuters – Rapport du 13 juin 2025 sur la mort d’un commandant des Gardiens de la Révolution dans une frappe israélienne.
  • New York Post – Article du 22 juin 2025 sur la décision iranienne concernant Hormuz.
  • Times of India – Couverture du vote parlementaire et des préparatifs militaires.
  • Kayhan – Déclarations de Hossein Shariatmadari.
  • IRNA – Conférence de presse du ministre Abbas Araghchi.
  • Nour News – Rapport spécial sur le plan d’urgence naval n°77.
  • Bloomberg – Étude économique sur l’impact d’un blocus du détroit.
  • Financial Times – Article du 20 juin 2025 sur la volatilité du détroit d’Hormuz.

 

 

 

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