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Miki Zohar et l’indécence des larmes sélectives

 

Le ministre israélien de la Culture et des Sports, Miki Zohar, s’indigne : il accuse ceux qui s’en prennent à des enfants, des malades et des personnes âgées d’être les « plus vils individus sur terre ». L’émotion est vive. L’indignation, spectaculaire. Mais la mémoire, elle, semble étonnamment courte.

Faut-il rappeler à M. Zohar que des milliers d’enfants palestiniens ont été tués dans leurs lits, dans les bras de leurs mères, sur les bancs d’école ou en jouant au ballon dans les ruelles de Gaza ? Faut-il lui rappeler que les hôpitaux, les ambulances, les camps de réfugiés n’ont cessé d’être ciblés, jour après jour, nuit après nuit ? Faut-il lui rappeler que son gouvernement a justifié, banalisé, et parfois même revendiqué ces frappes au nom d’une prétendue sécurité nationale ?

Lorsqu’il s’agit des enfants de Gaza, l’innocence semble négociable. Leur mort, une « erreur collatérale ». Leurs pleurs, un fond sonore acceptable dans la bande-son d’une guerre asymétrique. Mais quand la guerre franchit les frontières, lorsque la peur change de camp, voilà que la morale resurgit, sélective, réchauffée, indignée à sens unique.

Non, Monsieur Zohar. Aucun peuple n’a le monopole de la douleur, pas plus que celui de la dignité. Ce que vous refusez aux autres, ne venez pas le réclamer pour vous, la bouche pleine de mépris et les mains encore chargées des débris d’immeubles effondrés.

Vous appelez à la compassion quand vos enfants ont peur, mais vous êtes resté muet quand les enfants de Gaza mouraient à la chaîne. Ce silence vous condamne. Vous n’avez pas le droit, aujourd’hui, de vous poser en gardien de l’éthique après avoir tant de fois foulé celle des autres.

Le monde n’a pas la mémoire aussi courte que vous le souhaiteriez. Vos larmes n’effaceront pas vos actes. Et si la douleur est réelle, alors peut-être est-ce le moment de comprendre celle que vous avez infligée aux autres.
Et voilà!

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