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Métiers en tension : Le projet de loi du gouvernement

 

Le gouvernement a dévoilé mardi 20 décembre son « projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ». Il a été transmis
au Conseil d’Etat avant sa présentation officielle en Conseil des ministres, en janvier, puis les débats au Sénat et à l’Assemblée
nationale.

Ce texte majeur du début du second quinquennat d’Emmanuel Macron pourrait être voté avec le soutien de la droite au Parlement. « Tout ce que Les Républicains ont toujours demandé sur l’immigration, nous le proposons », assure Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur.

Une carte de séjour temporaire pour les « métiers en tension » L’un des principaux éléments du texte se trouve dans l’article 3. Le gouvernement veut créer une carte de séjour pour les « métiers en tension », d’une validité d’un an. Si le projet de loi est adopté, le
dispositif entrera en vigueur « à titre expérimental » jusqu’au 31 décembre 2026. Un bilan de cette mesure sera ensuite transmis au
Parlement.

Projet de loi immigration : les métiers en tension selon Pôle emploi Le titre concernera ainsi tout étranger en situation irrégulière « qui
a exercé une activité professionnelle salariée figurant dans la liste des métiers » en tension « depuis au moins huit mois sur les vingt-quatre derniers mois » et qui vit en France depuis au moins trois
ans.

Une carte de séjour pour les professionnels de santé En parallèle de ces titres de séjour pour les « métiers en tension »,
l’exécutif entend créer une carte de séjour « talent-professions médicales et de la pharmacie », d’une durée maximale de 13 mois. Elle concerne notamment les médecins, et ce, « quelle que soit leur
spécialité ».

Selon l’article 7, ce dispositif s’adresse aux professionnels de santé et à leurs familles « dès lors qu’ils sont recrutés par un
établissement de santé public ou privé à but non lucratif ». « Ce titre vise à répondre au besoin de recrutement de personnels qualifiés de
santé », notamment car ces praticiens étrangers ne peuvent pas toujours être embauchés à l’heure actuelle, « faute de titre de séjour répondant
pleinement à la spécificité de ces situations », justifie l’exécutif auprès de l’AFP. « Il serait lié à un système d’évaluation des
connaissances », assure Olivier Dussopt. Une maîtrise minimale du français demandée

En matière d’intégration, le gouvernement veut rehausser les prérequis demandés aux personnes qui souhaitent s’installer sur le territoire.
Ainsi, comme le dispose l’article 1, la délivrance d’une carte de séjour pluriannuelle serait désormais conditionnée à la maîtrise d’un
niveau minimal du français, et non plus seulement à l’assiduité aux cours pour apprendre la langue.

Des expulsions facilitées pour les étrangers « ne respectant pas les valeurs de la République »

Evoquant les grandes lignes du projet de loi devant l’Assemblée nationale, Elisabeth Borne a mis en avant le 6 décembre un « texte
équilibré » alliant « humanité » et « fermeté ». Le second pilier se retrouve en particulier dans l’article 9. Celui-ci permettrait de
« faciliter les expulsions des étrangers ne respectant les valeurs de la République et commettant des infractions sur le territoire
national », tandis que l’article 10 a pour ambition de « réduire le champ des protections contre les décisions portant obligation de
quitter le territoire français (OQTF) lorsque l’étranger a commis des faits constituant une menace grave pour l’ordre public, la sécurité
publique ou la sûreté de l’Etat ».

Par ailleurs, l’article 13 du texte souhaite « imposer à l’étranger qui demande un titre de séjour de s’engager à respecter les principes de
la République et de rendre possible le refus, le retrait, ou le non-renouvellement de certains titres de séjour pour des nouveaux
motifs liés à son comportement ». Parmi les « principes » figurent l’égalité femmes-hommes, la liberté d’orientation sexuelle ou encore des symboles de la République. Cette mesure, qui figurait initialementdans la loi séparatisme, a été censurée par le Conseil constitutionnel en 2021, en raison de son « imprécision ».

Une lutte renforcée contre les passeurs

Le gouvernement veut renforcer la lutte contre les passeurs qui organisent l’arrivée de clandestins en France. A l’article 14, les
ministres entendent « criminaliser la facilitation en bande organisée, de l’entrée et du séjour d’étrangers en situation irrégulière ». Les coupables seraient désormais passibles de 20 ans de prison et de 1,5 million d’euros d’amende.

L’exécutif veut également autoriser le « recours à la coercition pour le relevé des empreintes digitales et la prise de photographie des étrangers en séjour irrégulier » contrôlés aux frontières.

Des changements pour les demandes d’asile Le projet de loi concerne également les demandeurs d’asile. L’article 19 vise à instaurer la création de pôles territoriaux « France asile »,
chargés d’accueillir les étrangers, d’enregistrer leur démarche et de la transmettre à l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Nous voulons réduire l’ensemble des procédures d’asile
à neuf mois maximum », explique Gérald Darmanin. Des « chambres régionales » seraient aussi créées pour rendre plus performante la Cour
nationale du droit d’asile.

Enfin, après la polémique autour de l’accueil des migrants de l’Ocean Viking, le gouvernement veut « porter à 48 heures [contre 24 actuellement] le délai de jugement du juge des libertés et de la
détention (JLD) en zone d’attente, en cas de placement simultané d’un nombre important d’étrangers ».

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