Liban: troisième suspension de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth

L’enquêteur judiciaire sur l’explosion du port de Beyrouth, Tarek Bitar, a émis, ce mardi, un mandat d’arrêt contre un député libanais, avant qu’il ne soit dessaisi de l’enquête sur l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, suspendant ainsi la procédure judiciaire pour la troisième fois, dans le contexte d’un procès intenté pour dessaisir le juge Bitar de l’affaire.
L’agence de presse libanaise a rapporté que le juge Bitar a émis un mandat d’arrêt par contumace contre l’ancien ministre, et actuel député, Ali Hassan Khalil (membre du mouvement Amal), à la suite de son absence lors d’une audience d’interrogatoire concernant le dossier de l’explosion du port.
L’agence a déclaré que le juge Bitar a tenu une audition, ce mardi matin, consacrée à l’interrogatoire du député Khalil, mais que celui-ci n’y a pas assisté personnellement, remplacé par son avocat, Mohamed al-Maghrebi.
Et d’ajouter : “au cours de la séance, l’avocat al-Maghrebi a demandé un délai pour soumettre des plaidoyers formels et des documents, mais l’enquêteur judiciaire a rejeté ces demandes et a émis un mandat d’arrêt par contumace contre Khalil“.
Après la clôture de l’audience, le juge Bitar a été informé d’une nouvelle action en justice intentée à son encontre pour le dessaisir de l’enquête sur l’explosion par les avocats de Ali Hassan Khalil et du député Ghazi Zuaiter, ce qui a nécessité la suspension de l’enquête, jusqu’à ce que la Cour de cassation décide d’accepter ou de rejeter l’affaire, selon la même source.
La semaine dernière, les avocats de Khalil et Zuaiter ont déposé une plainte devant la Cour de cassation, demandant que le juge Bitar soit dessaisi de l’affaire, considérant que celui-ci “avait violé les principes constitutionnels et outrepassé les pouvoirs de la Chambre des représentants et du Conseil suprême pour juger présidents et ministres“.
C’est la troisième fois que l’enquête sur l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth est suspendue. La première suspension date de décembre 2020, lorsque l’ancien enquêteur judiciaire, le juge Fadi Sawan, l’avait suspendue pendant 10 jours, avant d’être dessaisi de l’affaire après des plaintes judiciaires déposées par les avocats de Zuaiter et Khalil.
La deuxième suspension de l’affaire date de la fin septembre, après que l’ancien ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, eut déposé une requête auprès de la Cour d’appel de Beyrouth, pour débouter le juge Bitar de l’affaire et nommer un autre enquêteur pour le remplacer.
Nouhad Machnouk, actuel député au Parlement, a été poursuivi par le juge Bitar en juillet dernier, dans l’affaire de l’explosion du port, et a demandé la levée de son immunité parlementaire pour les besoins de l’enquête.
Le 4 octobre dernier, un tribunal libanais a rejeté la demande de Machnouk de limoger le juge Bitar, lui permettant de poursuivre ses enquêtes, avant la troisième suspension de l’enquête survenue aujourd’hui.
Le 4 août 2020, une énorme explosion s’est produite dans le port de Beyrouth, faisant 217 morts et environ 7 000 blessés, ainsi que d’énormes dégâts matériels aux bâtiments résidentiels et commerciaux.
Source: AA