Le Monde écrit : en Tunisie, la montée des impatiences face à l’« état d’exception » de Kaïs Saïed

Le journal français, le Monde a publié un article aujourd’hui,le 15 septembre 2021, dans lequel il abordait l’appel des Tunisiens, de nombreux partis politiques et des syndicaux à la nécessité d’accélérer l’adoption des décisions politiques et de mettre fin à la phase exceptionnelle que traverse la Tunisie.
En Tunisie, la montée des impatiences face à l’« état d’exception » de Kaïs Saïed
Sept semaines après son coup de force, le président tunisien n’a toujours pas clarifié son scénario de sortie de crise.
C’est un provisoire qui s’éternise au point d’ajouter à un brouillard politique déjà bien épais en Tunisie. Sept semaines après le coup de force du chef de l’Etat, Kaïs Saïed, qui s’est arrogé, le 25 juillet, les pleins pouvoirs en invoquant un « péril imminent » pesant sur la nation, l’inquiétude grandit face à la difficulté du président à clarifier son scénario de sortie de crise.
En attendant une adresse à la nation sans cesse annoncée pour « les jours prochains », le pays est toujours privé d’un premier ministre et d’un Parlement, tandis que le flou persiste sur la refondation du système politique que le président appelle de ses vœux. Le 24 août, il avait prorogé « jusqu’à nouvel ordre » l’état d’exception proclamé un mois plus tôt. Mais pour aller dans quelle direction ? Face à tant d’incertitudes, les impatiences se manifestent de plus en plus ouvertement, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays où pâlit l’étoile de la Tunisie.
Quand le chef de l’Etat, 63 ans, enseignant en droit constitutionnel, élu en 2019 à la faveur d’un vote antisystème, avait activé, le 25 juillet, l’article 80 de la Constitution sur l’« état d’exception », des scènes de liesse populaire, dans les rues de Tunis, avaient salué son geste d’autorité. La population tunisienne était à bout de patience face à la paralysie des institutions, due aux guerres de tranchées entre le palais présidentiel, la tête du gouvernement et un Parlement fragmenté, alors que la situation socio-économique se détériorait, sur fond d’emballement de l’épidémie de Covid-19.
Le Monde