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Italie : Combat des enfants d’immigrés pour obtenir la citoyenneté italienne

Portés par le mouvement « Black Lives Matter », les enfants d’immigrés en Italie entendent remettre leur combat pour obtenir la citoyenneté italienne sur le devant de la scène. Qu’ils soient nés ou qu’ils aient vécu toute leur vie en Italie, ces jeunes doivent actuellement passer par un véritable parcours du combattant pour obtenir la nationalité du pays qu’ils connaissent depuis toujours. Explications.

né et avoir grandi en Italie ne fait pas de vous un Italien. Pour accéder à la citoyenneté, les enfants et petits-enfants de migrants doivent attendre leurs 18 ans, en faire expressément la demande et s’armer de patience – jusqu’à plusieurs années – pour venir à bout d’une procédure administrative lourde et éprouvante.

Si le demandeur est né en Italie de parents étrangers, le dossier de demande de citoyenneté doit être déposé à ses 18 ans, et au plus tard avant ses 19 ans, à condition d’avoir résidé légalement en Italie sans interruptions. Un simple voyage de quelques mois à l’adolescence peut, par exemple, tout remettre en cause.

La situation se complique davantage si le demandeur n’est pas né en Italie, et ce même s’il y a grandi ou passé la majeure partie de sa vie .

Plus d’un million de mineurs étrangers

La loi qui encadre les questions de nationalité en Italie remonte à 1992. « Elle est totalement obsolète », regrette Filippo Miraglia, responsable des questions de migration et d’asile pour l’association ARCI. La naturalisation s’obtient après 10 ans de résidence légale et continue sur le territoire italien. Il faut également attester d’un revenu minimum d’au moins 8 500 euros par an sur les trois dernières années.

« Et même tout cela ne vous garantit pas une réponse positive. Car la décision est prise à la discrétion de l’administration, à l’issue d’une évaluation individuelle », poursuit Filippo Miraglia. « Avant vous pouviez demander une justification en cas de réponse négative, mais cela a changé sous Matteo Salvini [l’ex-ministre de l’Intérieur d’extrême droite]. Vous devez désormais attendre quatre ans votre réponse sans qu’aucun motif de refus ne vous soit précisé. »

En 2019, l’Italie comptait 5,3 millions d’étrangers résidant sur son territoire, dont environ 1,3 million de mineurs. La majorité de ces derniers (75%) sont nés dans la péninsule. Ils sont le plus souvent originaires d’Albanie, du Maroc, de Chine, d’Inde et du Pakistan.

D’après le sondage le plus récent sur le sujet (Ipsos en 2019), seulement 53% des Italiens sont désormais plutôt favorables à un changement de la loi. Une nouvelle réforme est en discussion au parlement depuis l’année dernière. Mais Covid oblige, la question « n’est pas prioritaire », souligne le président de la commission des Affaires constitutionnelles, Giuseppe Brescia. « Il faudra du temps et il faudra aussi éviter le risque d’instrumentalisation, à droite comme à gauche. »

*La nationalité italienne ne peut s’obtenir que par la naissance (de parents italiens), la résidence, la naturalisation ou le mariage. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter cette page (en français).

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